Les banques et les compagnies d’assurances avancent à pas comptés dans ces nouveaux univers submersifs. Le potentiel est énorme, même si les contours de ces univers restent encore flous avec des stratégies commerciales de services et d’audience encore à définir.
Très en vogue aujourd’hui, le terme métavers remonte en réalité à 1992. A cette date, l’auteur de science-fiction américain Neal Stephenson publie l’ouvrage « Le Samouraï virtuel » (Snow Crash en anglais) dans lequel le métavers est dépeint comme un monde virtuel en 3D où les individus, par le biais d’avatars, interagissent les uns avec les autres avec des personnages issus de l’intelligence artificielle du monde virtuel dans lequel ils opèrent.
Depuis plus de 20 ans, les premiers mondes de jeux de rôle à plusieurs joueurs en ligne comme Les Sims ou Second Life (on peut citer également Worl of Warcaft) se sont multipliés et les amateurs y passent désormais en moyenne 20 heures par semaine. Les équivalents modernes comme Fortnite comptent des centaines de millions d’utilisateurs.
Aujourd’hui, le terme de métavers est de plus en plus employé pour désigner une nouvelle rupture technologique, comparable à celle de la naissance de l’Internet, mais qui en offrirait des potentialités beaucoup plus développées. Il s’agit ainsi de passer d’une réalité en deux dimensions, à une réalité en trois dimensions. Grâce à la réalité virtuelle et la réalité augmentée, cette nouvelle réalité numérique entend proposer une expérience immersive, dans un espace-temps propre. Un avatar ou un hologramme autorise ainsi différents acteurs de ce métavers à se rencontrer et à échanger.
Enfin, et pour conclure cette présentation sommaire, la grande caractéristique du métavers demeure dans l’interconnexion des univers virtuels entre eux, offrant là des perspectives gigantesques.
Présence dans le métavers
Sans surprise, tous les secteurs d’activité s’emparent désormais les uns après les autres de ces univers. Dans la distribution, le géant Carrefour a acquis fin janvier une parcelle dans le jeu vidéo virtuel The SandBox et y a même réalisé en mai une session de recrutement pour des postes de data scientists et de data analysts que l’entreprise cherche actuellement à pourvoir. La marque américaine Nike y vend des sneakers sous le nom de « CryptoKicks » et le rappeur Snoop Dogg y a élu domicile.
Devant un tel engouement, le prix d’achat de la parcelle a bondi en flèche : le prix moyen d’une parcelle de terrain a doublé en l’espace de six mois en 2021 en passant de 6.000 dollars en juin 2021 à 12.000 dollars en décembre 2021 sur les quatre principaux métavers du Web 3.0 !!!!
L’industrie financière commence aussi à explorer ces univers. La banque britannique HSBC a ainsi acheté une parcelle dans The SandBox dans le but de l’utiliser pour connecter les amateurs « de sport, de e-sport et de jeux en créant des expériences éducatives, inclusives et accessibles ».
Les banques espagnoles s’y sont aussi essayées. Par exemple, le numéro un domestique espagnol CaixaBank a ouvert une réplique virtuelle de son café Imagin à Barcelone dans le métavers de Décentraland et a également créé un laboratoire d’intelligence artificielle et de métavers avec Microsoft. Lors du South Summit, un événement annuel dédié à la tech à Madrid début juin, BBVA donnait à voir, dans le cadre d’un projet pilote, les potentielles interactions à venir entre le client et la banque dans le métavers.
La banque américaine J.P. Morgan a également annoncé en début d’année l’ouverture d’un salon de sa marque Onyx, dédiée aux actifs digitaux, sur la plateforme Decentraland.
Dans l’Hexagone, Axa France a donné le la en s’offrant une parcelle dans The Sandbox dans le but de mieux connaître cet univers et d’animer sa communauté tech, digital et data composée de plus de 2.000 personnes.
Ces annonces signalent la volonté d’innovation des acteurs concernés. Et si, pour l’heure, les applications commerciales restent très limitées et le plus souvent inexistantes, l’ensemble de ces entreprises font un véritable pari sur l’avenir.
Un énorme potentiel
Car le potentiel de développement du métavers pourrait être colossal. Une étude publiée par la banque américaine Citi (Metaverse and Money, decrypting the future) a passé en revue tout ce que le métavers pourrait créer de jetons de jeu, de cryptomonnaies, de stable coins, de monnaies digitales de banque centrale pour servir des secteurs d’activités très larges (commerce, arts, médias, publicités, santé, etc..).
Au total, Citi estime que le métavers pourrait représenter un marché cible de 8.000 à 13.000 milliards de dollars en 2030. Soit beaucoup plus que ce que Second Life a généré depuis sa création en 2003 – 650 millions de dollars. Et le nombre d’utilisateurs pourrait osciller entre 1 et 5 milliards à cette même date, selon les canaux utilisés pour y accéder (casques de réalité virtuelle, ou outils mobiles équipés de la 5G).
Ces anticipations reposent naturellement sur la capacité des institutions financières à se saisir de cette opportunité et aux clients de l’accepter.
Pourquoi ne pas imaginer ensuite, comme l’a fait la banque d’investissement JP Morgan dans une étude sur les « opportunités dans le métavers », que les banques puissent jouer à terme le rôle actuellement tenu par les plateformes d’échanges comme Binance et Coinbase ? Le métavers pourrait aussi voir se développer un marché bancaire propre à cet univers. Il pourrait être l’occasion de développer de nouveaux produits financiers.
En France, l’association Roam, qui réunit les assureurs mutualistes, a décidé de familiariser ses membres aux usages de cette technologie. Le métavers en construction de l’association consistera en un espace en deux dimensions auquel on pourra accéder sans casque de réalité virtuelle. Ses membres auront ainsi la possibilité de naviguer, se réunir et échanger au travers d’espaces de discussion et d’ateliers.
Mais il convient également de ne pas succomber aux effets d’annonce et de conserver un certain regard critique.
Ainsi, l’immobilier dans le métavers connait (déjà) sa première crise. Depuis janvier 2022, le nombre de transactions immobilières a chuté de 97%, et le prix moyen du terrain dégringole à 3.300 dollars en juin 2022 (rappel : il était de 12.000 dollars en décembre 2021 !).
Désormais, ce sont davantage des réflexions et stratégies de long terme qui animent les acteurs sur le métavers.
Monde virtuel ou réel, causes et conséquences semblent donc demeurer les mêmes.
Devant la multiplication de projets dans le métavers, les collaborateurs de la banque et de l’assurance doivent se tenir prêts à embrasser cette nouvelle révolution technologique.
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